Les Nains Des Forges
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 chronique du wasteland : le guetteur

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2 participants
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frost
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frost


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Loisirs : ecrire des poeme sur l'amour et le vent ...non je deconne je joue a la console

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MessageSujet: chronique du wasteland : le guetteur    chronique du wasteland : le guetteur  Icon_minitimeMar 17 Nov 2015 - 14:06

LE GUETTEUR
Une silhouette a surgi hors de la brume.

Le guetteur plisse les yeux. Sa garde a débuté de nuit, et il est épuisé.  Plusieurs  fois,  il a dû sortir de sa guérite, au dessus de la porte nord, pour nettoyer les hublots extérieurs. Il a plu cette nuit, des Lignes Noires, sombres et huileuses.Ça ne brûle pas la peau  pas en cette saison. Mais si on ne nettoie pas assez vite, ça durcit sur les vitres, et ça obstrue le champ de vision. Les hublots sont des vestiges  de l’Hier, d’un verre plus dur, plus translucide, mais aussi plus salissant que les ersatz grossiers que l’on se procure auprès des  artisans  ambulants.   Depuis ce matin, le guetteur regarde avec irritation les traces qu’il n’a pas nettoyées assez rapidement. Son premier devoir est  de préserver la Tour... Dans son énervement, un instant, son regard  s’est détaché de la Lisière. Et il n’a pas vu l’homme apparaître. Mais le voilà, entouré par les brumes, comme vomi par la forêt, entre chien et loup...


Cela n’arrive pas souvent. Cela n’arrive pas à l’aube. Qui voyage de nuit dans les terres gâchées ? Le guetteur ne quitte pas la silhouette  des yeux. Sous son chapeau à bords plats, le voyageur, voûté, immobile,  observe  le  bourg  fortifié...  Un  éclaireur ?  Le guetteur sent la crainte  s’immiscer  en  lui.  Son  esprit  fatigué  manque  de  force  et  de  clarté. Heureusement, il n’a pas besoin de penser pour obéir au Protocole.  D’un  geste  mécanique,  mille  fois  répété,  il  actionne  le  levier  d’alarme rouillé. Il n’entend pas le tintement des cloches qui réveille son frère deux étages plus bas. Mais il a confiance chaque jour, les cordes  sont  vérifiées  avant  de  débuter  le  guet.  La  milice  et  l’Advaer seront vite avertis. En attendant, le guetteur reste seul face à cet étranger. Seul face à la brume.

Une  seconde  silhouette,  plus  tassée,  apparaît  auprès  de  la  première. Elle pointe du doigt les hublots de la Tour. Deux paires d’yeux sont  à  présent  rivés  sur  la  position  du  guetteur.  Un  homme  et  un  nain,  vêtements usés, foulards crasseux... et armes apparentes. Des maraudeurs ? Il déglutit et sent au fond de sa gorge asséchée le goût rance de la peur. Surtout ne pas penser. Ne pas imaginer. Ce qui se terre dans le brouillard et dans la nuit ne compte pas. Seul compte le Protocole. Le guetteur doit réveiller le Dragon.
Le Protocole est toujours le même, ça le rassure. Les mots à prononcer, les touches à enfoncer, les lumières, les symboles vibrants qui illuminent la chambre de contrôle. Et le clignotement rouge...

A chaque fois qu’il se trompait, lors des répétitions, son père l’emmenait hors de la Tour pour le corriger dans la rue, à la vue de tous. Car tous devaient savoir que la tradition des guetteurs perdurait, que le Protocole était transmis, gravé dans la mémoire à coups de ceinturon. Le secret du Dragon garantissait la survie de leur famille. Sans lui, les guetteurs cessaient d’être essentiels,
et les bouches inutiles pouvaient rapidement se trouver rejetées dans le wasteland. Plusieurs savants avaient tenté d’étudier le Protocole, mais les guetteurs les avaient systématiquement éconduits, avec l’appui de l’Advaer. Il n’était pas
tolérable que des étrangers s’intéressent de trop près au sommeil du Dragon.

Son doigt se pose lentement sur les touches, une à une, selon l’ordre complexe que jamais sa famille n’a compris, mais qu’elle sait reproduire avec application. Ainsi que les paroles sacrées:
– Inichia-layze Targuette Sik-Wence.
– Target Sequence Initializing, répond la voix froide et métallique.
Les  lumières  dansent  sur  la  console.  Le  clignotement  rouge  s’intensifie, mais le guetteur l’ignore. Le dôme entrouvert de la Tour laisse apparaître  la  gueule  du  Dragon,  les  seize  tubes  d’acier  brillant,  qui se mettent à tourner autour de leur axe central, dans un vrombissement agressif. Les deux étrangers l’ont vu. L’homme au chapeau reste
immobile. Le nain recule d’un pas. Il renonce?

La voix murmure à l’oreille du guetteur :
– Multiple Target Detected.
Et  lui  montre  l’image  de  cinq  formes  rougeoyantes.  Les  deux  éclaireurs  et  trois  autres  silhouettes,  encore  dissimulées,  dont  une  très imposante.  Les  yeux  du  Dragon  peuvent  percer  les  brumes,  voir  à travers arbres et rocs pour repérer leurs proies.
– Engage Fire Sequence?
– Aen-gayje!
répond le guetteur sans hésiter.Les tubes métalliques vrombissent de plus belle, le Dragon gronde et
pose son regard de braise sur les intrus : cinq traits de lumière rouge  dardent dans cinq directions pour se poser sur leurs cinq cibles Qu’ils  sachent qu’ils n’ont nulle place où se cacher. Qu’ils ressentent à leur  tour la peur.
– Multiple Target Locked.
Le nain détache de son dos une arbalète massive qu’il pointe instinctivement en direction de la Tour, mais son camarade met la main sur
l’arme  pour  l’empêcher  de  tirer.  Sage  décision.  Le  Dragon  n’a  plus  craché ses flammes depuis le grand siège d’Arthur, trois cents ans plus tôt. On raconte encore comment son souffle balaya l’assaut du Grand Roi, et comment, lorsqu’il se fut emparé de la ville après l’avoir affamée, il lui accorda son indépendance, ordonnant que nul ne s’empare des secrets du Dragon. À présent, le Dragon trop longtemps sevré a soif de carnage. Comme un chien tirant sur sa laisse, il invite le guetteur à le laisser s’ébattre. Mais le signal rouge clignote toujours...
L’étranger  au  chapeau  fait  un  geste  en  direction  de  la  Lisière,  et  ses trois autres compagnons apparaissent au grand jour. Deux fangeux, mal recouverts par leurs ignobles hardes, et un homme de forte stature monté sur un cheval énorme à crinière de feu. Il avance crânement, précédant les deux scroungers qui tentent de s’abriter derrière sa monture. Sous l’œil inflexible du Dragon, toujours braqué sur lui, le cavalier s’arrête et parle avec force:
«Je suis Braban de Melk, en route pour la Table Ronde où le Roi Arthur VIII me fait mander pour mon premier  repas...  Ces  gens  sont  mes  compagnons.  Nous  demandons asile en cette enceinte, au nom des vieux serments et des usages de la Route». Pour appuyer ses dires, l’étranger agite un morceau de métal tenu au bout d’une chaîne.

Le  guetteur  retient  son  souffle...  il  attend...  il  ne  doit  pas  penser. La  peur  est  encore  là.  Enfin,  la  trappe  s’ouvre  à  ses  pieds,  laissant apparaître le faciès rougeaud de l’Advaer:
«Bougre d’âne, vas-tu faire taire  ton  engin  du  Diable ? Nous sommes prévenus de la venue de ce  chevalier... on dit qu’il monte un cheval  fée, c’est sûrement lui! Rendors ta bête, et laisse moi accueillir notre hôte»

Il respire enfin. Pas de tuerie aujourd’hui. Il fait taire le vrombissement du Dragon et le remet en sommeil. Le clignotement rouge n’a pas cessé, et continuera jusqu’à l’extinction de la console. Ce message inconnu est apparu il y a trois cents ans, après le grand siège d’Arthur. Aucun Advaer n’en a jamais été informé. Les guetteurs n’ont jamais été certains de sa  signification. Mais ils comprennent que c’est une mise en garde. Le Dragon est malade. Il peut encore gronder, mais sait-il encore mordre ?
Alors  que  la  cité  s’éveille  pour  honorer  la  tradition  de  l’Accueil,  le  guetteur  reprend  sa  veille.  Seul  face  au  secret.  Seul  face  à  la  brume.  Seul face à la peur, et au message de l’Hier qui clignote toujours en lettres rouges.

«Ammunition Depleted
Reload
Reload
Reload...»

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Godzilla
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MessageSujet: Re: chronique du wasteland : le guetteur    chronique du wasteland : le guetteur  Icon_minitimeMar 17 Nov 2015 - 18:42

arf ! tu va finir par me donner envie d'y jouer

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« La seule vérité du multivers c'est que la classe, il y en a qui l'ont et d'autres pas. Moi je l'ai et toi, tu l'as pas. »
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« Ce qui est bien avec les guerres civiles, c’est qu’on peut rentrer manger à la maison. »
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