Je compte tester prochainement ce "petit" jdr dont j'ai récemment fait l'acquisition et qui me plaît beaucoup, autant dans l'ambiance que dans la facilité du système de règles, qui laisse (et nécessite) une grande liberté RP et permet une immersion sympa. C'est pourquoi je ne parlerai ici quasiment pas de règles, et que les joueurs qui souhaiteront essayer avec moi n'en sauront que peu sur le système. Je limiterai de plus les tables pour une expérience de jeu que j'essaierai de rendre intense, sortant au maximum du dé pour profiter de l'univers. Inutile donc de préciser que c'est aussi ambitieux que prétentieux ^^
J'aurais tendance à qualifier l'univers de steampunk fantastique joyeusement saupoudré de poésie dickensienne. Bref, amoureux du merveilleux, du rêve et des promenades obscures, bienvenue!
Pour vous donner une idée de ce que je vais essayer de développer comme ambiance (véritable défi et exercice de style pour moi, mes chances d'y arriver frisotant le zéro absolu), voici une introduction de mon crû. Soyez indulgents et pardonnez au narrateur qui débute, tout en n'oubliant surtout pas que le-dit narrateur reste votre administrateur (I'm watching you..
):
"Ophelia s'extirpa d'un sommeil agité et peu revigorant. La nuit avait été froide, sa petite chambre donnant, comme celles de tous les enfants de l'orphelinat "Espoir Déçu", sur le couloir central battu par les vents. Elle enfila en trombe ses habits chargés d'une humidité suintante et passa le pas de la porte. Dans la cour intérieure de l'enceinte, les enfants se réunissaient doucement autour de l'abreuvoir. Plongeant ses mains dans l'eau glacée, Ophelia en porta un mince filet à son visage, car les soeurs ne permettaient pas qu'on déjeune sans s'être toiletté. La cloche résonna, annonçant l'heure pour tous de se rendre dans le réfectoire pour y engloutir, dans un silence assourdissant et garanti par la trique de Mère Jeanne, un peu de pain noir et y recevoir un penny pour la journée. Avant d'entrer, chaque enfant cracha sur le seuil. C'est alors qu' Ophelia vit le sourire de Valentin, qui la rejoint. Tout comme elle, il avait été abandonné par sa famille. Ils avaient la particularité d'être les septièmes de leur fratrie et avaient hérité à leur naissance de la marque des ténèbres. Inutile de dire qu'ils n'étaient pas appréciés, mais au moins les laissait-on tranquille, tout comme on n'évoquait jamais les créatures de la nuit, qui n'existent pas, d'ailleurs. Lorsqu'un enfant avait le malheur d'en parler, tous faisaient un tour sur eux-mêmes et se bouchaient les oreilles, à part la mère supérieure, qui attrapait le garnement et le rappelait à la réalité.
Aujourd'hui, c'était le grand jour. Ophelia et Valentin, respectivement dans leur 19ème et 20ème année, avaient trouvé un emploi et quittaient définitivement l'orphelinat. A force de vagabondages, ils avaient rencontré d'autres enfants marqués et avaient rejoint la bande des majordomes, au service du comte Twist. Leur repaire s'étendait dans les ombres du château où la plupart travaillait, garantissant aux autres un toit et quelques tours aux cuisines. Ils franchirent une dernière fois la porte de l'institut, ne jetant aucun regard en arrière, et s'enfoncèrent dans le smog qui recouvrait les rues de Mortebise. Ils remontèrent le long du fleuve - peut-être un jour quelqu'un lui donnerait-il un nom? -, passèrent loin de la zone industrielle et de ses fumées, et arrivèrent devant le manoir.
Le manoir du comte Twist était une grande bâtisse, haute d'une quarantaine de mètres et réparties sur trois étages, une cave et un grenier. La façade en stuc blanc, ornée de gargouilles, s'effritait un peu, ainsi qu'une peau en lambeaux. Seul le manoir tenait encore debout dans le quartier. Le comte, un excentrique solitaire, ne sortait quasiment plus, et personne ne venait le voir, cet endroit de la ville étant réputé empli d'ombres.
Ils furent accueillis par Benvolio, portier discret, car sa marque était une cicatrice de lune dans le dos, entourée d'écailles et cachée sous sa redingote Blanche et or salie par la poussière de charbon. Il les conduisit à Arachnée, qui s'occupait du repaire, un petit local oublié qu'elle avait aménagé au fil du temps. Elle ne travaillait pas, car sa folie douce la rendait difficilement compréhensible des autres humains, qui évitaient donc son contact. En revanche, elle était très appréciée des gobelins, et les fées la tenaient toujours la première informée des dernières nouveautés du marché, ainsi que de son emplacement."
Vous l'aurez compris (j'espère), il s'agit donc d'incarner des enfants ou de tout jeunes adultes nés au coeur d'une fratrie nombreuse et qui ont dû s'enfuir de chez eux du fait de la malédicion qui les frappe. Ils se regroupent alors en bandes pour survivre dans les rues de Mortebise, ville proche d'un Londres victorien à la Oliver Twist, Dracula, Peter Pan ou encore Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire, abritant plusieurs millions d'habitants et plongée dans le smog, un épais brouillard. Les habitants partagent leur ville avec des créatures de la nuit qu'ils sont incapables de voir, en tout cas qu'ils ne veulent pas voir, entourant leur quotidien de nombreux rituels (le tour sur eux-même, cracher avant de franchir une porte, ...). Seuls certains humains en sont capables, les septièmes enfants d'une fratrie, victimes d'une malédiction qui en contrepartie leur donne certaines aptitudes. Dans cette cité dirigée par les cent marquises de Pompadour, les septièmes enfants sont les seuls remparts entre les humains et les créatures de la nuit. Sous la surveillance des Pompadours qui peuvent trouver un intérêt à les préserver, les bandes de septièmes enfants ont en charge de préserver le Voile Gris, qui empêche les humains de voir ce qui les entoure réellement.