Liban - Beyrouth - Banlieue Sud - 14 h 37
Deux policiers, Hady et Naël, entrèrent dans le bâtiment délabré en poussant une porte en bois. Le rez de chaussé était vide. Le premier étage, en revanche, avait été habité quelques temps : un vieux matelas, du matériel informatique, quelques livres (du croate, d'après Naël), une bouteille d'eau. Un véritable ascète avait dû vivre ici. Mais pas longtemps : des traces de sang séché recouvraient les murs et le plafond. Hady se rappelait les photos du cadavre : il n'avait jamais vu un corps aussi horriblement mutilé. Si, peut-être dans la vague d'attentats qui avait frappé son pays l'année précédente. Mais là, nul trace d'explosif, quelques lames bien affutées et de la sauvagerie pure et simple. Un tel acharnement ne pouvait être que le fait de fanatiques. D'ailleurs, le corps n'avait pu être identifié.
Le cadavre était resté comme ça plus d'une semaine avant qu'un passant ne se rende compte de l'odeur. En interrogeant quelques personnes du quartier, on avait vu un jeune homme sortir de là, un ordinateur sous le bras, lançant des regards inquiets autours de lui. Il n'avait pas fallu bien longtemps à la police pour retrouver l'individu. Il appartenait à une bande d'admirateurs d'Al-Qaïda, une sorte de pseudo-cellule terroriste prenant Four Lions pour un film sérieux et Ben Laden pour un super-héros. Menaçants mais pas très malins.
_Hé Naël… Tu crois que que c'est le jeune et sa bande qui ont fait le coup ?
Le vétéran des FSI fit une grimace, comme si la stupidité d'une telle question le blessait. Hady avait le chic pour poser les questions les plus bêtes du monde.
_Non… ils n'ont pas les couilles pour un truc pareil. Mais au cas où il leur viendrait l'idée de s'en greffer une nouvelle paire, on doit les surveiller. Ils ont une "base" pas très loin. On les a mis sur écoute.
_Et l'ordinateur alors ? Je comprends pas.
_L'ordinateur est bien là où il est. De toute façon ils arrivent même pas à décrypter les fichiers qu'ils ont trouvé dessus.
_Mais heu… on s'en fiche de tout ça, pourquoi on les arrête pas ?
_Tu comprends pas petit. Ces gars là, c'est rien, c'est du plancton, des asticots. Ils n'ont rien fait de vraiment condamnable. On va les utiliser pour attraper les gros poissons !
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"The crime is life, the sentence is death !"