Pendant une semaine encore, alors qu'ils sont retourné a leur train train quotidien en la citée des portes nos Cageurs favoris découvrirons qu'ils ont emporté un autre "cadeau", involontaire, du plan avec eux : l'empreinte de la Terre des Bêtes.
Comme Pierre, par exemple, qui ne pourra pas s'empêcher de chercher a rentrer sa tête dans une hypothétique carapace - pour surgir et mordre un potentiel attaquant.
Et Virion ne se sen t'il pas a l'étroit dans sa cotte de maille comme si ses bras et son torse avaient pris de l'ampleur, puis c'est indéniable son pelage s'est fait plus dru.
Ou Abel qui se rendra peut-être compte — s'il n'est pas trop distrait a chercher les courrants ascendant — qu'il devrait peut-être se tailler les serres .
Et Alosïus rêvant d'escalades vertigineuses et de saut-planés d'arbres en arbres.
Rien de surprenant néanmoins a ce que Glaviot lui se contente de chercher les trous dans les murs pour s'y planquer et manifeste un appétit tout particulier pour le fromage ?
Ou a ce que Derioch passe presque toute cette période a dormir et a manger...
Quand a Krunch, que voulez vous Krunch restera tel qu'en lui même a part peut-être cette courte période où il sembla obnubilé a l'idée d'attraper les mouches avec sa langue ?
Et quand tout cela aura disparut, que leur est-il resté d'autres de ce voyages, l'amitié des félins et quelques souvenirs :
Le premier voyage en terre des bêtes reste pour la plupart des voyageurs une expérience quelque peu déstabilisante, ainsi les lascars de l'Edentés n'en gardent que des impressions flous et confuses émaillés par ci par là de souvenir d'une précision et d'une vive fraîcheur qu'il semblent lorsqu'on les évoque plus réels que leur vie quotidienne.
Cela commence par cette impression très nette de pleinitude, tout est plus, l'on voit plus loin, l'on se sent plus fort, l'on entend avec plus d'acuité, le monde est plus grand, les couleurs plus vives, que partout ailleurs, en quelque sorte... puis des odeurs reviennent, celle épicée des herbes épineuses de la savane de Krigala. Celle fraîche du vent lointain chargé de pluie et d'orage. Celle rugueuse la chaleur elle même. le tremblement de la vision sous l'arc d'un ardent soleil toujours au zénith d'un ciel céruléen.
Des fragments de scènes, l'odeur de la peur et le frisson de la mise a mort qui fait grésiller dans chaque fibre de ce grand loup noir l'agréable et subtil titillement du plaisir. Le vacarme du point d'eau où en une mosaïque complexe se mêlent les cris des bêtes, tout devient son, dérivant doucement a la surface de l'eau dans le sillage d'un grand crocodile. Dans cette étrange symphonie, l'appel yodelan des flamants rose et les gloussement de sopranne des hyènes donnant la réplique aux profonds barrissement des éléphants, les hennissements d'une troupe de barytons zèbres répondant au long feulement d'un grand lion la la tignasse hirsute et somptueuse. Image d'une majesté qui dépasse celles des rêves des souverains du monde...
Puis la fraîcheurs bienvenue d'une grotte a l'odeur humide et musquée, la sensation précise de chaque cailloux, chaque aspérité du tunnel, les racines dont les longs poils vous frôlent le visage, les milles bruits frémissants des bêtes fouisseuses cherchant leur chemins dans le sol. Une longue descente dans des ténèbres impénétrables même aux créatures de la nuit. Puis enfin, a nouveau débouchant a l'air libre la touffeur moite d'un crépuscule dans la jungle de Brux. Les riches odeurs tout a la fois fétides, sucrées et acides des fruits murs et de la végétation pourrissante. Le ciel s'est paré de plus de pastel qu'un peintre ne pourra jamais en créer et il moutonne de nuages d'allure menaçante.
Au bout d'une allée faite de centaines de paires d'yeux luisant dans la pénombre, les silhouettes alanguies et voluptueuses d'autant de félins rassemblés, du plus humble des chats aux grands prédateurs avec leurs robe rayée ou ocellée... Nonchalante trônant dans les ruines englouties d'une antique constructions aux bas reliefs mangés de mousse, écrin adéquat pour sa beauté farouche. Les chevilles serties de bracelets barbares. Le feu vert de ses yeux contrastant avec la noirceur de son pelage, Kæshtralla, la Reine des Félins... Dame Panthère accueillant avec joie le retour de l'un de ses enfants, le jeune et facétieux Jyssom, et offrant aux matois qui l'on raccompagné sain et sauf jusqu'en son domaine, en gage de gratitude, l'amitié de son peuple à travers le Multivers. Des festivités, saveurs des carpacho de viandes fraiche et de fruits, et de l'eau pure des sources rocheuses. L'étrange sonorité des chants en feulangue* accompagné des rythmes de tambours de cuir et de la plainte basse, longue et sonore des miaules*. Des danses, rondes et farandoles, les félins bras-dessus-bras-dessous, facéties et cabrioles auxquelles se livrent les chats lorsqu'ils sont entre eux...
Vient l'heure du départ, l'on échange a nouveau les promesses tout autant que les adieux, avec quelques souvenir offerts par la souverains de tous les chats. Symbole du pacte passé avec les voyageurs autant que clef pour retourner un temps à ce havre sauvage, les immenses étendues vierges de la Terre des Bêtes : à Virion Staxx un long poignard, fait d'un seul œil de chat poli et à Virus un droit de chasse raisonnable sur les terres de Dame Panthère. Pour Abel, une mèche natté de la Reine en personne. A Krunch gravé sur une écorce les formules rituelles nécessaire a l'appel d'un familier, et quelques grands paniers de manques, de goyaves, de calebasses et de caramboles ainsi que toutes sortes d'autres fruits exotiques. Pour Alosïus une miaule* ornée de fins entrelacs gravé a la griffe. A Glaviot une serre-trophée de grand lézard. Et pour Pierre, un sachet de poussière d'essence planaire ravivant les sensations et les souvenirs de leur séjour... Retour vers la cage.
———————————————
* feulangue : langue des chats, tiges, lynx, lion, panthères et c.
* miaule : longue corne droite et instrument typique du peuple félin
_________________
« La seule vérité du multivers c'est que la classe, il y en a qui l'ont et d'autres pas. Moi je l'ai et toi, tu l'as pas. »
—Factole Rhys de l'Ordre transcendental, au Grand Oratorium, suite a un échange un peu vif avec le Factol Sarin de l'Harmonium—
« Ce qui est bien avec les guerres civiles, c’est qu’on peut rentrer manger à la maison. »
—Général Robert E. Lee en partance pour Gettysburg—
« Chaque jour, une fois par jour, faites vous un cadeau. Ne le planifiez pas. Ne l’attendez pas. Laissez le venir. Cela peut être une nouvelle chemise, une sieste dans votre bureau, ou deux tasses d’un bon café noir bien chaud. »
—Agent Dale Cooper, au Double R Diner en compagnie du Sherif Truman, méditant sur l'opportunité de reprendre ou non de la tarte—