On les tue tous !

Radarp. Planète-Désert. Position exacte inconnue. Date inconnue.

Chaleureux comme à son habitude, le moteur vrombit de plaisir lorsque Tom Talz poussa doucement l'accélérateur. L'appareil ressemblait à une énorme turbine à laquelle on aurait attaché vite-fait mal-fait deux grandes ailes de métal. "Le plus beau tas de ferraille de la galaxie !" d'après Tom. Les caisses étaient remplies de cristaux solaires, suffisamment pour alimenter quatre ou cinq Cryo-clones. Avec ça, Tom pourrait rembourser ses dettes.

Un vaisseau sombre et élancé apparu sur le radar. Il s'agissait d'une machine techno-organique dont la chair pâle était caparaçonnée de fines plaques de métal obsidien. Sa voix monocorde grésilla dans le com-link de Tom.

"Unité Alcatraz-26. Ennemi repéré. Procédure diplomatique activée. Veuillez faire atterrir votre vaisseau. Immédiatement. Procédure juridique activée. Conformément à la loi - mort véritable par désintégration. Ou. Mort véritable auto-infligée".

"Séquence tactique activée !". Les boucliers déflecteurs eurent tout juste le temps de faire leur office et l'impact fit trembler le poste de commande. les boucliers avaient usé de leur pleine puissance pour arrêter ce tir. Le prochain serait sans doute mortel et Tom n'avait pas de quoi arrêter l'Unité Alcatraz : les Devodyens qui l'avaient construit en avait fait le vaisseau chasseur ultime. Puissant, invisible, invincible. Tom se prépara à mourir et adressa une prière à Mitra. Mais aucun tir ne vint : à la place un bruit sourd, puis grinçant, un bruit de succion écoeurant. L'Unité Alcatraz-26 venait de se faire couper en deux ! Non pas par une arme, mais par un vaisseau. Et celui-ci allait à une telle vitesse que les senseurs avaient du mal à le repérer, mais il s'immobilisa bientôt, en face de Tom, prenant la place qu'occupait quelques secondes auparavant l'Unité Alcatraz. D'un noir opaque d'où ne filtrait aucune lumière, d'une forme allongée et triangulaire, ce vaisseau était sinistrement connu : le Vicaire.

"Pose-toi !"

Une voix peu rassurante. Celle d'un individu impatient et nerveux. Mais Tom avait-il le choix ? Il se posa sur le sol aride de la planète.

"Maintenant sors de cette épave qui te sert de vaisseau, et éloigne-toi !"

En descendant ses pieds s'enfoncèrent d'au moins 10 cm dans les sol. Il se mit à marcher, prenant le temps de regarder où il mettait les pieds (la planète était réputée pour ses prédateurs insectoïdes, les Tryn et et les Tryn-frelons, mais aussi pour ses vers gigantesques venant de plans lointains et qui rôdaient probablement quelque part sur ce caillou). Un bruit assourdissant retentit lorsque le Vicaire passa au ras du sol, fauchant le vaisseau bien aimé de Tom.

Le Vicaire se posa. Un Worgith, sorte de loup-garou bipède, en sortit, un fusil à plasma entre les mains : Virius Xats, le criminel, le traître, le hors-la-loi. Il était comme toujours accompagné de Viron, un Ogobren : une créature vaguement canine et reptilienne, au poil rouge et dont les quatre yeux jaunes pointaient en direction de Tom, de la baves coulant le long de sa bouche garnie de crocs acérés.

Les deux compagnons se mirent à marcher en direction du pauvre survivant. "Talz ! On a besoin d'une preuve !" lui cria le Worgith.
Tom porta la main à son holster et entendit un son mélodieux avant qu'un éclair de lumière ne jaillisse en sa direction, lui emportant la main. L'infortuné regarda son mignon fumant un instant, avant que Viron ne se jette sur lui.
"Non,Viron attends, pas le visage, on en a besoin !". L'Ogobren, qui avait arraché une partie du cou de la masse encore tremblante regarda son maître.
"Je plaisante ! Tant qu'il reste quelques morceaux, ils pourront retrouver ce nul. Ils feront des tests, tout ça. Et si jamais ils refusent… ben on les tue aussi. On les tue tous !"
Le corps mutilé baignait dans son propre sang, qui rapidement abreuva le sable chaud de la planète désertique. Virius cryogénisa les bouts de chair restants et le Vicaire quitta l'atmosphère étouffante de Rodarp.